"Le Pendu"
Saison2014/2015
De Robert Gurik
résumé :
Yonel et son père survivent dans une ancienne usine désaffectée. Une légende urbaine les conduit à vendre de la corde de pendu, porte bonheur. Yonel prétend qu’il va se pendre et cède un bout de corde contre de l’argent. Miraculeusement, les acquéreurs se sentent beaucoup mieux. L’un ne bégaie plus, un autre ne boite plus, un autre est moins bossu : tout le monde veut sa part de miracle. Yonel devient une sorte de messie pour les déshérités. Il n’est plus un pauvre jeune des quartiers mais Yonel-Le pendu. Sa popularité grandit... Il dérange, on s’interroge… la corde se raccourcie et le noeud se resserre…
A propos de l'auteur :
Né à Paris d’une famille hongroise, Robert Gurik s’établit à Montréal au début des années cinquante. Devenu ingénieur, il envoie un premier texte à l’Association Canadienne du Théâtre Amateur, Le chant du poète, et gagne le premier prix. Depuis, Robert Gurik a écrit plus d’une quarantaine de pièces. Avant tout auteur dramatique, il est également scénariste pour la télévision et pour le cinéma, et romancier. Ses pièces ont été traduites en anglais, en italien, en grec, en hollandais, en tchèque et en arménien, en portugais et en arabe. En 1967 et en 1969, il a obtenu le prix du Gouverneur général du Canada pour Le Pendu et Les Louis d’or. Robert Gurik a participé activement au développement du théâtre au Québec. Il a été, entre autres, un des fondateurs du Centre des auteurs dramatiques, gouverneur du Festival d’art dramatique du Canada, président de la Société des auteurs recherchistes documentalistes et compositeurs (SARDeC), président de l’Association québécoise des auteurs dramatiques (AQAD) et de la SoQAD. Il a enseigné à l’Université de Montréal et est présentement chargé de cours en cinéma à l’Université du Québec à Montréal.
Intentions de mise en scène
J’ai découvert l’auteur Robert Gurik en jouant « Les deux soeurs » puis j’ai rencontré l’homme lors du festival off d’Avignon 2012. A cette occasion, Robert m’a transmis ses autres textes que toute l’équipe des deux soeurs a lus. Avec Tom Setti, comédien alors sur les deux soeurs, nous avons particulièrement apprécié « Le Pendu ». Et c’est en échangeant avec l’auteur que l’envie et le projet de faire revivre l’un de ces plus grand succès est né. Quelques mois plus tard, l’aventure était lancée…
« Le Pendu », créé pour la première fois en 1967, reste une pièce terriblement d’actualité.
Dans cette pièce deux mondes s’affrontent : le monde souterrain, un peuple résigné et pauvre, et le monde du haut, composé des notables qui profitent du travail des autres. Dans ce monde de noirceur, un soleil se lève, le rêve d’une nouvelle société, un changement, un idéal…
Sorte de « Passion moderne », « Le pendu » met en scène un christ des temps moderne, dénué de tout sens religieux et imbibé de tous les besoins matériels de notre société. Dans une atmosphère de misère et de désolation, Yonel, esprit révolutionnaire guidé par la quête du mieux être, s’ébat afin de sortir de ce monde inégalitaire et prône la fraternité pour tous. Cependant il veut atteindre cet idéal en empruntant les mêmes codes que la société qu’il dénonce. Drôle de « Messie », c’est l’argent qui l’intéresse ainsi que son propre confort. Comment réussir une révolution dans ces conditions ? Comment se sortir du désir d’objet lorsqu’on est plongé dans un milieu matérialiste ? L’échec n’est-il pas assuré ?
Pour le décor, j’ai choisi de recréer un univers de squat, une usine désaffectée, un univers sombre et inquiétant et cruellement moderne. Encore aujourd’hui en France, il ne se passe pas un jour sans entendre la menace de fermeture d’un site ouvrier. Robert Gurik, à la création de la pièce, situait l’action dans une ancienne cabane de mineur, aujourd’hui nos mines sont nos usines.
C’est dans ce décor de misère que vont apparaître des personnages estropiés par la vie, physiquement ou moralement. Malgré cela, chacun est encore prêt à espérer. Dès le début de la pièce, Robert Gurik fait dire à l’un de ces personnages « Même dans ce qu'il y a de meilleur, il y a quelque chose de pourri. Le contraire aussi doit être vrai… ça me rassure. ». Je vais donc partir de cette phrase clé et la décliner à volonté.
La direction d’acteurs ira dans ce sens : faire ressortir ce qu’il y a de meilleur et ce qu’il y a de pourri dans les personnages afin de les rendre attachants malgré leurs défauts, introduire des moments de rupture dans la perception du spectateur (lorsqu’un personnage devient détestable quelque chose l’excuse ou le rend moins coupable et inversement).
Le ton de la pièce ne sera pas tranché : « Le pendu » n’est pas une tragédie. C’est un « drame » au sens premier du terme. C’est une pièce de théâtre, une représentation de la vie avec ses moments drôles et dramatiques où le ton est ironique et plein d’espoir.
Le texte est ponctué par les interventions d’un narrateur musical devant créer une atmosphère particulière, que j’ai volontairement voulu festive. Le texte de ces interventions est de l’auteur mais la composition musicale est originale, créée par le groupe Casse-tête. La pièce peut être jouée avec une bande-son ou avec la participation du groupe en live.
Distribution artistique et technique :
Mise en scène : Sylvie Blanché
Yonel: Tom Setti
M. Cardinal et Lulu, le bègue. Julien Morel
Le Père. Jean-Marie Combes
L’inspecteur Ponpom et Le boiteux. Yves Dellong
Musique : Guillaume Dupuy,